Le projet Un livre, son autre consiste à travailler sur base d’un livre existant, choisi pour ses qualités, ses dysfonctionnements, sa dimension critique (ou non), son iconographie, son sujet, son écriture littéraire, ou peut-être tout cela à la fois. Le projet dépasse l’exercice de mise en page pour inviter l’étudiant·e à questionner son geste et son rôle éditorial dans la fabrication d'un objet, et ainsi replacer ou déplacer — au delà de tout enjeu graphique ou de style — ce même objet dans d’autre contextes, d’autres circuits, et d’autres histoires.
Durée du projet: 6 semaines
Eva Aguirregomezcorta, The Galloways, 2020 — The Galloways est un album de photos de famille réalisé à partir d'une banque d'images capturées par le photographe américain Erwin Galloways dans les années 60. Les photos ont l'air fausses et étranges. Faire un objet personnel comme un album de famille avec des photos impersonnelles destinées à la publicité révèle notre désir de reproduire et de ressembler à cet idéal que la publicité nous vend. Ce livre est une sorte de rêve américain dystopique. Une façon de reconsidérer nos idéaux — (210 x 280 mm, 96 p. / Impression noire seule sur 80g édition / Hard cover, reliure suisse cousue fil de lin ).
Pablo Desportes, Point, Ligne sur Plan, 2020 — Une interprétation visuelle et systématique de la publication théorique écrite par Wassily Kandinsky en 1926, qui se concentre sur le rôle des émotions décrivant la géométrie de la peinture abstraite, Point, ligne sur plan donne une réponse visuelle en présentant certaines œuvres d'art trouvées dans le navigateur des archives du MoMA en utilisant les émotions comme mots-clés. Les pages sans émotions du livre original restent vides. Le folio du livre correspond à la répétition des émotions. Toutes les œuvres sélectionnées sont postérieurs à 1926, elles pourraient ainsi être les héritières de la pensée de Kandinsky — (110 x 180 mm, 392 p. / Impression quadri sur Biotop 90g/m2 / Couverture souple, dos carré collé).
Pauline Duvivier, Intérieur(s), 2020 — Le 4 novembre, l'actrice française Adèle Haenel donne une interview dans laquelle elle témoigne avoir été victime d’abus de pouvoir et d'agression. J'ai transcrit ses propos, les ai édités et associés à des images de l'intérieur. Donner un espace à son histoire, proposer une représentation qui ne soit pas de l’ordre de l’illustration mais du possible. Dire : ces histoires concernent tout le monde, tout lieu et spécifiquement l’espace privé — (210 x 297 mm, 68 p. / Impression qudrai sur Chromolux 300g/m2 et Symbol Freelife Gloss 100gr/m2 / Couverture souple, reliure Singer).
Victor Gérard, Les fleurs du mal, 2020 — Les Fleurs du Mal est une ré-interprétation du roman éponyme de Baudelaire paru en 1857. C’est la notion de « couleur du vers baudelairien » qui, dans la préface du recueil, m’avait interpelé. Le livre est une collection d’interprétations personnelle de chaque poème, transcrit sous la forme d’un tableau plus ou moins abstrait. Ces derniers sont des retranscriptions des termes émotionnels, chaque terme étant associé à une couleur. Les tableaux blancs qui ponctuent l’édition font références aux poèmes où les termes émotionnels précis sont absents. Étant daltonien, j’ai choisi de me baser sur la roue des émotions de Robert Plutchik, pour systématiser et garder cohérent la palette utilisée(240 x 360 mm, 202 p. / Impression quadri sur Multidesign white 115g/m2 et 300g/m2 / Couverture souple, dos carré collé).