Vanina Géré – sélection

Historienne et critique d’art
Agrégée d’anglais, doctorat de civilisation américaine et d’histoire
de l’art à la Sorbonne Nouvelle.
Enseignante à la Villa Arson, Nice
Jurée du prix Artémisia

Le Problème avec les Femmes, Jacky Fleming, Dargaud, 2016

Essai dont l’intelligence graphique et la profondeur conceptuelle n’ont d’égal que son humour décapant. S’appuyant sur l’histoire de l’art féministe de Griselda Pollock notamment, Fleming démolit les « génies » misogynes du XIXe siècle et leur pseudo-théories fumeuses sur la place et la nature des femmes, et explique en dessins remarquables de justesse pourquoi les femmes ont été exclues de la création et de la vie de l’esprit.

C’est toi ma maman ?, Alison Bechdel, Denoël Graphic, 2012
[Hors-sélection]

Deuxième bande dessinée autobiographique d’Alison Bechdel après Fun Home, à la fois plus complexe et plus viscérale. Tour de force narratif et analytique, cet album propose des va-et-vient entre la vie et la théorie – aussi bien d’Alice Miller, Donald Winnicot, de Virginia Woolf, que de l’autrice elle-même, alors qu’elle tente de faire sens de sa relation à sa mère.

Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien, Ulli Lust, ÇA et LÀ EDS, 2017

Bande dessinée autobiographique d’Ulli Lust après Trop n’est pas assez. Raconte le quotidien d’une jeune femme qui vit librement et aspire à devenir artiste, dans la Vienne des années 1990. Raconte les contradictions et les difficultés de vivre deux amours de concert. Raconte sans fard la détérioration d’une relation avec un homme migrant qui devient petit à petit violent, dans un climat social à la fois raciste et patriarcal.

Sélection Officielle Angoulême 2018/Sélection Prix Artémisia 2018

L’Essentiel des gouines à suivre, Tome 1, Alison Bechdel, Même Pas Mal, 2016

La bande dessinée à avoir par-devers soi quand arrivera la fin du monde. Compilation des albums qui étaient eux-mêmes les compilations des épisodes parus dans plusieurs magazines, ce pavé contient vingt ans de vie d’une communauté lesbienne utopique, farouchement antiraciste, anticapitaliste, écologiste, féministe, aussi férue de potins que d’activisme ultra-progressiste. On ne se lasse jamais de la relire : pour le feuilleton des histoires des unes et des autres ; pour la concision graphique inouïe des strips ; pour l’intrication de la satire politique et sociale dans l’évocation du quotidien.

Hothead Paisan : Homicidal Lesbian Terrorist, Diane DiMassa, Cleis press, 1999
[Hors-sélection]

Publiée en zine, puis édité chez Cleis Press en 1991, 1993, 1999.

La bande dessinée à garder toute sa vie. Qui nous dit que non seulement nous avons le droit d’être en colère, mais en plus, que ça peut être très drôle. Hothead, la tête brûlée, la soupe au lait, marche droit dans ses bottes et pouffe autant qu’elle fulmine lorsqu’elle zigouille les machos et les hétéras complices. Hothead est l’enfant intérieure rendue à toute la beauté de son énergie – par l’art subtil de DiMassa, qui manie la distanciation et la critique des représentations dominantes avec la même aisance que son héroïne fait virevolter les objets contondants en tous genres.